<52>Sur ce théâtre fertile
En tant de variétés,
Tout ce que ton œil débile
A pris pour des nouveautés
Sont d'une scène mobile
De vieux objets répétés.
La tendre et brillante rose
Qu'au matin on voit éclose
Se fane à la fin du jour.
Tel est le sort sans retour
De l'objet qui t'en impose :
L'âge en bannira l'amour.
L'œil qui briguait ton hommage
S'éteint et perd sa splendeur;
L'éclat de ce beau visage
Se ride, et de sa pâleur
Souffrant le livide outrage,
N'inspire plus que l'horreur.
Si le faste et l'opulence
T'attirent par leurs appas,
L'envie, épiant tes pas,
En trompant ton espérance,
Va noyer ta jouissance
Dans une mer d'embarras.
Ou bien, de sa bouche impie,
La farouche calomnie
Noircit tes brillants exploits,
Et de sa perfide voix
Excite contre ta vie
Et les peuples et les rois.