<61>Mais loin que votre esprit, fier de ses connaissances,
Perde sur l'infini son temps à méditer,
Au bord de cet abîme il faut vous arrêter.
Qu'avec votre savoir marche la modestie,
Ayez toujours pour but l'amour de la patrie;
Qui s'instruit pour briller n'en devient pas meilleur,
C'est peu de s'éclairer, il faut régler son cœur.
Soyez l'ami des arts, et des talents le père,
Mais sachez réunir, par un choix nécessaire,
Les qualités du sage à celles du héros;
Quittez, lorsqu'il le faut, les arts pour les travaux.
Au sein de ses exploits le vainqueur de Carthage
Entre Apollon et Mars partageait son hommage :
Volez, à son exemple étonnez l'univers,
La gloire a cent chemins, ils vous sont tous ouverts.
Il est une beauté dont la fraîcheur naissante
Des plus vives couleurs paraît resplendissante;
La santé sur son front brille dans sa vigueur,
La gaîté l'accompagne avec la belle humeur;
Tout en elle est transport, tout est rempli de vie,
Elle aime les plaisirs et même la folie,
Sur un trône de fleurs elle embrasse Vénus,
Et, le thyrse à la main, folâtre avec Bacchus.
Ne connaissez-vous point cette aimable déesse?
Mon frère, elle est en vous, c'est la vive jeunesse.
Craignez de ses excès l'égarement fatal,
L'abus de ses plaisirs change le bien en mal.
La mollesse en tout temps fut contraire à la gloire.
Sur elle remportez la première victoire;
Domptez vos passions, il en est encor temps,
Elles sont des humains esclaves ou tyrans;
Qui ne les asservit sous un sceptre stoïque
Est contraint de plier sous leur bras despotique;
Rien de plus flétrissant pour un cœur généreux
Que d'être subjugué par leur pouvoir honteux.
Mais surtout des héros évitez la faiblesse,