<86>Il n'aura fréquenté, grâce au cuistre incommode,
Qu'un nombre d'artisans ministres de la mode;
Et si son plat dévot n'en est point alarmé,
Il verra de ballets un maître renommé,
Qui, jusqu'à l'entrechat portant sa connaissance,
Fera couler ses pas au gré de la cadence.
Le beau monde surtout, qu'on recherche avec soin,
Sera fui du bourru, qui ne le connaît point,
Qui prend Londre et Paris pour des lieux exécrables
Où le ciel doit lancer ses foudres redoutables.
Posthume, je vous plains; il valait mieux, je crois,
Élever votre fils sous vos austères lois.
Voyez comme il paraît sombre, craintif, sauvage,
La honte et l'embarras se lit sur son visage;
Viendrait-il de Paris, cet asile des jeux?
Non, vous m'en imposez, ce fils sort des chartreux.
Ah! l'utile projet! ah! la belle dépense!
Pour le tenir reclus, qu'alla-t-il faire en France?
Que sait-il, qu'a-t-il vu, qu'en fit son directeur?
Mais voyez ses habits, ils sont du bon tailleur;
De ses cheveux tapés l'élégante frisure
D'un toupet arrangé relève la parure,
Il met du grand Passot le génie aux abois,
Ses manchettes d'un pied débordent ses longs doigts.
Eh quoi! pour s'ajuster fit-il ce long voyage?
Qu'on aurait épargné de longueur et d'ouvrage,
Si l'on eût fait venir par le plus court chemin
Cordonnier, et friseur, et tailleur à Berlin!
Un jour leur eût suffi pour orner sa figure.
Croyez-vous que ce fils pourra par sa parure,
Malgré son esprit sec et son cerveau perclus,
Nous faire illusion sur son peu de vertus?
Interrogeons pourtant quelques-uns de ces pères,
De leurs desseins secrets pénétrons les mystères;
Ils ont sans doute un but, et ces sages parents
Auront pensé surtout au bien de leurs enfants.
Dites, lorsque vos fils de leurs coûteux voyages