<XII>poésies du Roi, l'orthographe des noms propres altérée; par exemple, Mariveau mis pour Marivaux; Ténières pour Téniers; Lock pour Locke, etc. La raison en est que l'Auteur ayant écrit ces noms ainsi pour la mesure ou pour la rime, nous n'avons pas cru devoir nous écarter d'un mode de procéder qui d'ailleurs est, jusqu'à un certain point, consacré par l'usage. Mais toutes les fois que ces motifs n'existaient pas, nous avons rétabli la vraie orthographe des noms propres, conformément aux principes énoncés dans la Préface de l'Éditeur.
L'Art de la guerre, poëme didactique en six chants, fut imprimé pour la première fois au mois de mai 1749 (Voyez la Correspondance avec Darget, première lettre du Roi, en date du mois de mai 1749), et probablement il faisait partie du t. I des Œuvres du Philosophe de Sans-Souci, de 1750, comme nous l'avons dit plus haut.
Lorsque Voltaire vint habiter Potsdam, le Roi lui donna son ouvrage pour qu'il l'examinât. Voltaire en avait reçu le Ve chant le 11 mars 1751 (Œuvres de Voltaire, édit. Beuchot, t. LV, p. 584); il demanda au Roi le chant VIe et dernier à plusieurs reprises, entre autres, au mois de juillet, comme il venait de lire la vie du Grand Électeur dans les Mémoires de Brandebourg (l. c, p. 610 et 623). Lorsqu'il en eut achevé la lecture, il écrivit à l'Auteur ce billet peu connu : « Je rends à Votre Majesté ses six chants, et je lui laisse carte blanche sur la victoire. Tout l'ouvrage est digne de vous, et quand je n'aurais fait le voyage que pour voir quelque chose d'aussi singulier, je ne devrais pas regretter ma patrie. » (Der Freymüthige. Berlin, 1804, in-4, p. 6.)
Les héritiers de feu Mme la comtesse d'Itzenplitz-Friedland possèdent le manuscrit complet de l'Art de la guerre, en six chants, in-4, de la main d'un secrétaire du Roi. En regard de chaque page, Voltaire a écrit lui-même des remarques critiques nombreuses et étendues, qui occupent souvent toute une page; quelquefois même il a refait des vers entiers. Le Roi pouvait ainsi, comme il en avait plusieurs fois témoigné le vif désir dans ses lettres à Voltaire (du 16 mai, du 10 juin et du 4 septembre 1749), faire de précieuses études de style sur ce travail, qui embrassait la totalité des six chants. Conformément au vœu du Roi, Voltaire mit le plus grand soin à cette critique : il loue