<XVIII>poésies ni assez correctes, ni assez agréables, ni assez instructives pour les publier, et ne cherchant que le plaisir de surmonter la difficulté, il ne croyait pas l'avoir assez vaincue pour que l'ouvrage pût passer pour bon. Il en est de la poésie comme de la musique : elle ne souffre pas de médiocre; voilà pourquoi les grands virtuosi d'Italie marquent tant d'antipathie contre les concerts des dilettanti. Enfin si ces vers destinés à l'oubli paraissent, le public les doit à la délicatesse de ce prince, qui a voulu justifier l'innocence de ses amusements. Qu'il me soit cependant permis d'ajouter à ceci une réflexion : s'il se trouve des hommes assez effrontés, assez pervers pour trahir un roi, pour mettre de côté le respect, la déférence, et jusqu'aux égards dus à tout auteur, en falsifiant son ouvrage, et en le produisant dans cet état hideux, quel jugement ces procédés nous font-ils faire des mœurs et de la profonde corruption de notre siècle! S'il se trouve des téméraires et des insensés dont la perfide malignité n'épargne pas les rois, quel sera le sort des particuliers, que la méchanceté peut braver avec impunité? C'est au public à juger. Au reste nous garantissons l'authenticité de cette édition, et nous nous flattons que les lecteurs auront lieu d'être satisfaits des soins que nous avons pris pour la rendre correcte.