<182>« Je crois, messieurs, leur dit le bon vieux père,
Quand vous aurez appris la grande affaire
Dont il s'agit, que n'aurai pas besoin
De réveiller votre illustre courage;
Car vous n'avez jamais, ou peu du moins,
Ouï tenir tel important langage.
Quand je voudrais même la supprimer,
La chose, hélas! parle assez d'elle-même,
Et semble à tous ici vous reprocher
De vos devoirs la négligence extrême .... »
Là, le bon père, hésitant, bégayant,
Sent sa mémoire et sa langue égarée.
Saint Augustin, de loin l'apercevant,
Lui dit : « Grand roi de la voûte éthérée,
S'il me souvient du temps antérieur,
Lorsque autrefois j'étais encor rhéteur,
Avant d'avoir ma métropolitaine,
Ce discours-là je savais tout par cœur;
Il n'est de vous, ma foi, mon cher seigneur,
Et vous l'avez pillé dans Démosthène.
Ce n'est, mon roi, ni bienséant, ni beau,
De nous donner du vieux pour du nouveau. »
Le bon papa, surpris de ce reproche,
Lui dit : « Hélas! si mon discours s'accroche,
Ce n'est ma faute; enfin, l'âge vieillit,
Et je n'ai point, dans ce besoin extrême,
Le beau puîné de l'essence suprême,
Mon fils cadet, le gentil Saint-Esprit.
En pareil cas, il me souffle à l'oreille.
Il est allé, selon ce qu'on m'a dit,
Pour assister, et pour faire merveille,
Au Vatican, dans la pompe et le bruit,
Sa Sainteté, qui, dans sa grande église,
Dans ce moment nouveau saint canonise,
Un saint que tous vous ne connaissez pas,
Qu'on a tiré squelette de sa tombe.
Cet anonyme, après un long trépas,