<186>« O mon cher fils! ne soyez colérique.
J'avais jadis, dans le commencement,
De l'univers seul toute la pratique.
Lorsque tu vins, le monde fanatique,
Par son instinct suivant le changement,
Planta pour toi ma seigneurie antique;
Je le souffris, t'aimant fort tendrement.
Mais laissons là l'aigreur et la dispute;
Voyons ici qui nous protégerons
Des combattants de ces deux nations;
C'est ce qu'il faut en deux mots qu'on discute,
Puis je prendrai mes résolutions. »
Calvin, Luther, très-bas se prosternèrent,
Les Prussiens au Roi recommandèrent;
Et Geneviève, et tous les saints français,
Par leurs discours très-fort les appuyèrent.
Alors parut, éclatante d'attraits,
Pleine d'appas, plus touchante et plus belle
Qu'au paradis oncques ne fut pucelle,
Sainte Hédewige; elle approcha du Roi,
D'un air soumis et d'un maintien modeste.
Dans ses beaux yeux brillait l'ardente foi,
Et bref, c'était une beauté céleste.
Sa belle bouche allait donner la loi,
Et décider la querelle funeste
Dont la Bohême était pleine d'effroi.
Elle approcha d'une façon unie,
Aux pieds du Père on la voit accroupie;
D'une des mains lui pressant les genoux,
De l'autre main au menton le caresse,
Lui dit : « Grand roi, mon espoir est en vous.
Jadis, prenant pitié de ma jeunesse,
Me dégageant de l'humaine faiblesse,
Sainte je fus chez mon défunt époux.
Assistez-moi; que dans ces jours prospères
Tous mes parents ressentent vos faveurs;
A tous ces saints ils font peu de prières,