<190>Mais, si j'avais une langue d'airain,
Et des poumons comme Éole ou Zéphire,
Ami lecteur, comment pourrais-je enfin
Te tout conter et tous ces saints te dire?
Un an entier ne saurait me suffire.
Mais si voulez de l'immortelle cour
Avoir chez vous la liste générale,
Un almanach tout du long vous étale
Et chaque saint, et sa fête, et son jour.
Mais, après tout, ce ne sont mes affaires;
Venons aux saints qui me sont nécessaires,
Dont nos héros ont tous les deux besoin.
Vers le Lorrain part saint Népomucène :
Sur un rayon il ne se percha point.
Tout confondu, du ciel sortant à peine,
Il gagne enfin sa métropolitaine;
Dans Prague il va se percher sur son pont.
Il veut pourtant soutenir son renom
Et ranimer les soldats de Lorraine;
Pas ne croirez ce qu'il imagina.
Dessus son pont le bon saint se tourna,
Aux Prussiens il montra le derrière,
Aux gens lorrains sa béate visière;
Tout aussitôt au miracle on cria.
Pendant le temps qu'au lieu d'un vrai prodige,
Saint Népomuc étale un vain prestige.
Que fîtes-vous, ô divine Hédewige?
Muse, dis-moi comment ses belles mains,
Qui maîtrisaient l'oracle des destins,
Pour relever la prussienne tige,
Lors préparaient du mal aux fiers Lorrains.
Elle n'admet aucun repos ni trêve;
Toujours parlant, consultant Geneviève,
D'avance ayant ajusté ses accords,
On va bientôt voir jouer ses ressorts.
Alors des cieux la nombreuse assemblée