ÉPITRE IV. A LA COMTESSE DE CAMAS.a
Ne pensez point, respectable Camas,
Qu'à votre esprit si brillant, si solide,
J'ose jamais comparer les appas
De nos oisons à la cervelle vide :
Fraîche jeunesse et des traits de beautés
Leur tiennent lieu de toutes qualités.
Ce sont des fleurs dont la couleur brillante
A de durée à peine une saison;
Un souffle chaud dans le brûlant Lion
Fane à jamais leur beauté ravissante.
N'ont-elles plus leur couleur éclatante,
Pour les cueillir ou pour les arroser
Aucun passant ne daigne se baisser.
L'esprit, le goût et le bon sens préfère
A la beauté l'esprit qui nous éclaire :
a La comtesse Sophie-Caroline de Camas, née de Brandt, était depuis 1742 grande gouvernante de la reine Élisabeth-Christine, et mourut à Schönhausen, le 2 juillet 1766, âgée de quatre-vingts ans. La reine son amie lui a érigé un magnifique monument dans sa Lettre dédicatoire à son frère Ferdinand, en tète de l'ouvrage de Crugott intitulé : Le Chrétien dans la solitude. Traduit l'année 1766 et fini en 1767. A Berlin, 1776.