<202>Même il lui fit des excuses passables.
Chemin faisant, on gagne la forêt
D'arbres touffus, obscurs, impénétrables,
Où le soleil ne put percer jamais
De ses rayons brillants et favorables.
Dans un endroit plus sombre et plus épais,
Un haut rocher tout couvert de cyprès
Forme en son sein une affreuse caverne;
Il semblait voir les portes de l'Averne.
C'était l'endroit où Franquin résidait,
Il avait là son horrible repaire.
De l'antre sort nombre des gens de guerre.
« Ah! vous voilà? bonjour. Qu'avez-vous fait?
A-t-on pillé? la prise est-elle bonne?
N'aurons-nous point notre part au butin? »
L'on s'embrassa, l'on conte, et l'on raisonne
Sur les hauts faits de l'illustre Franquin.
Apercevant Darget sans camisole,
Ils crient tous : « Viens cà, viens cà, le drôle!
Tu fus servi par des valets adroits.
Tu cacherais peut-être une pistole?
Donne toujours; sommes rusés matois. »
Le bon Darget garde un maintien modeste;
Ses pieds étaient meurtris et déchirés,
Ses membres tous presque défigurés.
Les yeux tournés vers la voûte céleste,
D'un suppliant il emprunte le geste.
Franquin leur dit : « Cet homme est mon captif;
Donnez-lui donc un bon confortatif;
Dans ma caverne à l'instant qu'on le soigne. »
Ces gens faisaient diligente besogne,
Car le Franquin était expéditif;
Deux grands pandours, avec un air paterne,
Mènent Darget au fond de la caverne.
Figurez-vous un antre obscur et sourd,
Où ne perça jamais le moindre jour.
Darget non plus en entrant ne vit goutte;