<204>Fut par Germaina à Paris arrondie. »
- Ah! dit Franquin, tant plus elle vaudra.
Quarante plats sur la table on porta,
De mets exquis rassemblés à la ronde,
Des agneaux gras, des poulets qu'on vola,
Car on faisait payer à tout le monde.
Le malheureux paysan bohémien
Était pillé comme le Prussien;
Rien ne coûtait, on faisait bonne chère,
On s'engraissait des malheurs de la guerre.
On fait venir le Champagne moussant,
Qui pétilla bientôt dans chaque verre,
Le Port-à-port, le Tokai jaunissant,
Vin butiné, volé furtivement.
On en sabla coup sur coup des rasades,
Et puis l'on fit grandes fanfaronnades.
Darget, sournois, ne bâfrait qu'à regret
De tant de mets volés qu'on lui servait;
Il ne mangeait qu'autant qu'il faut pour vivre.
Mais sur le tard arrivent les catins.
On les caresse, on baise, on les enivre,
Non pas d'amour, mais de différents vins.
O mes amis! comment puis-je poursuivre,
Et vous conter leurs propos libertins?
Ne pensez pas que la délicatesse
Soit en usage en de pareils amours;
Figurez-vous plutôt ce que l'ivresse
Peut inspirer de féroce aux pandours.
On y voyait des filles effarées,
De la jeunesse et des grâces parées,
Au dur Franquin, à ces fiers ravisseurs,
Et par l'audace, et par mille fureurs,
Dans ces cachots indignement livrées.
Dans les moments qu'ils comblaient leurs plaisirs,
En détournant leur innocente bouche,
Versant des pleurs et poussant des soupirs,


a Thomas Germain, fameux orfèvre de Paris, mort en 1748.