<213>Et me sauvai, un jour, de bon matin,
Chez un enfant de la grâce efficace;
Pour me venger de mes ribauds déçus,
Je m'enrôlai dessous Jansénius.
Autres tyrans, autres mœurs, autre école!
Saint Augustin, Pascal, Arnaud, Nicole,
Étaient cités sans fin, sans nul propos;
De ce parti c'étaient les grands héros.
L'enthousiasme, égarant leurs dévots,
Forgea dès lors pour eux nouveaux miracles :
Des fous perclus sautent sur des tombeaux;
Des gens sensés donnèrent ces spectacles.
On exorcise, on rêve des oracles,
Et tant on fit, que le sage Louis
Bien défendit miracles à Paris.20
Pour moi, voyant les fourbes de l'Église,
Dévots fripons que l'intérêt divise,
Bien résolu de n'y point m'embarquer,
Et me sentant du goût pour le grand monde,
Dans cette route errante et vagabonde
J'osai pour moi du bien pronostiquer.
Me voilà donc libre des hypocrites,
Et dans Paris, parmi les Sybarites.
On voit ce peuple aimable, doux, charmant,
Qui chante et rit, sans cesse se remue,
Car dans Paris chacun a la berlue.
Comme l'on voit les flots de l'Océan
Amoncelés, lorsque la mer reflue,
Ainsi paraît l'impétueux torrent
D'un peuple entier, d'une immense cohue,
Qui sans raison court, et remplit la rue.
Paris connaît plus d'une déité,
La principale est la galanterie;
A ses côtés placez la nouveauté :
Ce sont, seigneur, les dieux de ma patrie.
Et, si voulez, à la communauté
20 L'abbé Paris. [Voyez t. I, p. 241.]