<219>Je dis : Hélas! ces dogues britanniques
Habitent donc des lieux aussi charmants!
Mais sur ce bord pourquoi plus me morfondre?
Pour voir l'Anglais, il faut aller à Londre.
J'arrive enfin, et, dans le même jour,
Je vois la ville et parais à la cour.
L'Anglais mordant, trop fier en son domaine,
Nomme son roi le seigneur capitaine.
Il me reçut, et dit au général :
A ce Français montrez mon arsenal.
J'imaginais de le trouver plein d'armes;
Mais point du tout; au lieu d'objets d'alarmes,
J'y vis d'abord des bottes, des chapeaux.
Lors dit mon guide : Objets remplis de charmes,
A Malplaquet vous porta mon héros;
Ces éperons, lorsqu'il menait sa garde,
L'ont bien servi dans les champs d'Oudenarde.
Mais tournez-vous, admirez donc ceci :
C'est du héros la redoutable épée,
Du sang français à Dettingen trempée;
Examinez, remarquez donc, voici .... »
« Je l'interromps, tirant la révérence :
Ah! j'ai trop vu le malheur de la France,
Dis-je d'un air qui plut au courtisan.
Puis, promptement de ce lieu me sauvant,
Je me rendis d'abord au parlement.
Singes y sont de la gente romaine,
Tous harangueurs, tous gens très-bien parlant,
Tant que croyez écouter Démosthène,
Mais pas toujours aussi bien agissant,
Et leur vertu ne flaire pas trop baume;
Très-libres sont dans leurs discours diffus,
Ni plus ni moins ils sont tous corrompus,
L'électorat gouverne le royaume.
Un simple Anglais est un original;
Plus singulière on trouve sa folie,
Et plus il est applaudi du total,