<22>Par vos propos perdent de leur chaleur.
Le jeu, pompons, coiffures, médisances,
Contes forgés, mille fadeurs d'amours,
Assaisonnés de cent impertinences,
C'est l'abrégé de tout votre discours.
Quand il vous plaît à l'esprit de prétendre,
Alors vraiment il fait beau vous entendre;
Je crois revoir ces plats originaux,
Tympanisés de femelles pédantes,
Sans jugement, affichant les savantes,
Que nous peignit de ses maîtres pinceaux
Le grand Molière en ses pièces charmantes,
Où sa critique, enfantant des bons mots,
En mille endroits a foudroyé les sots.
Tremblez, tremblez, bégueules insipides :
La beauté passe et l'âge arrivera,
Qui, sillonnant vos fronts flétris de rides,
Tous vos attraits à jamais détruira.
Miroir chéri, lorsque tu leur rendra
Des teints plombés, des visages livides,
Des yeux éteints, des paupières humides,
Bouche sans dents et cheveux grisonnants,
Dans la fureur qu'auront ces Euménides,
Ta glace, hélas! dans leurs emportements,
Sera brisée en mille fraguements.
Ah! quel dépit! ce teint plus beau qu'albâtre
Se jaunira; plus de roses, de lis,
Ni plus d'amant de charmes idolâtre;
Vieilles laidrons n'ont plus de beaux Tircis.
En vain tout l'art raffiné des ruelles,
Pompons brillants, mêlés de fleurs nouvelles,
Pareront-ils vos attraits surannés;
L'ajustement et les atours des belles,
Bien loin d'orner vieilles sempiternelles,
Semblent jurer avec des fronts fanés.
L'amour coquet qui plane sur vos têtes,
Qui vous protége aux bals, soupers et fêtes,