<225>Notre moutier il déshonorera. »
« Une autre sœur aigrement ajouta :
Mon doux Jésus, quelle est donc cette scène?
Je suis d'avis, mes sœurs, que mieux vaudra
Le transporter dans la prison prochaine,
Et ce matin on l'interrogera;
Sinon, verrez que le monde, qui cause,
Malignement les sœurs accusera.
Tout le couvent approuva fort la chose,
Dans la prison voisine on m'emporta;
Mon âme était demi-morte, engourdie,
Mais ma douleur la rappelle à la vie.
Quand le couvent tout notre roman sut,
Lors pour nous deux bien pis encor ce fut;
Vous ne savez combien désespérée,
Combien terrible est la haine sacrée.
Chez l'Espagnol il est un tribunal,
Moitié prélat et moitié monacal,
Qui, s'acharnant sur le pauvre profane,
Jamais n'absout, et toujours le condamne,
Qui, par bonté, plein de l'amour de Dieu,
Vous fait brûler pour le bien de votre âme.
Tout à l'entour de ce funeste lieu,
De cent bûchers au ciel monte la flamme.
On me traduit devant ce jugement;
Un juge ayant plumes de chat-huant
Me dégoisa ce discours gravement :
Ne crains-tu point, scélérat, impudent,
Du juste ciel la colère jalouse?
De Jésus-Christ tu violas l'épouse,
Et, non content de l'avoir fait . .,
A la nonnain donnas le mal immonde.
Ah! sacrilége, as-tu donc prétendu,
Dans ta fureur à nulle autre seconde,
D'empoisonner le benoît paradis?
Pourquoi, félon, avec cérémonie,
Pour effrayer les mécréants esprits,