<237>Le talisman, le grand palladion.
Votre valeur serait-elle endormie?
N'aimez-vous plus la réputation?
Des ennemis bientôt verrez l'audace,
Ces insolents vous viendront face à face
Redemander votre captif Darget;
Si leur donnez, de Charlot c'en est fait.
Ranimez donc l'ardeur ambitieuse
Qui vous porta naguère aux grands exploits;
De vous dépend la destinée heureuse
Et de l'Autriche, et des plus puissants rois. »
Le monstre dit; par une sourde flamme,
Du bon Charlot il sut embraser l'âme.
Ce prince était confus de ses erreurs;
Comme l'on voit des enfants, à l'école,
En s'effrayant, quitter un jeu frivole
Quand tout à coup paraissent leurs recteurs,
En pâlissant, baisser les yeux sur terre,
Tout interdits, rester sans mouvement :
Ainsi Charlot, ce grand foudre de guerre,
Resta muet dans le premier moment.
Mais dans son cœur tout animé de rage
Il s'éleva des sentiments confus
D'ambition, d'orgueil et de courage.
« Les ennemis, dit-il, seront battus.
Daignez, Wallis, encor me reconnaître;
Je suis, soit dit sans vouloir me louer,
Le bouclier, l'appui de votre maître;
Des Prussiens je saurai me jouer. »
Le monstre alors, sans se faire connaître,
Et sans tirer Charlot de son abus,
En tapinois retourna chez le diable,
Content d'avoir, par des coups imprévus,
Mis dans ces camps un désordre effroyable.
En même temps on entend des clameurs;
Et Rosière, arrivant hors d'haleine,
Annonce au prince, articulant à peine,