<238>Des Prussiens les trois ambassadeurs.
Tu sais, lecteur, ce qu'ils avaient à faire,
Qu'ils vont tout haut redemander Darget.
Me garderai, comme le bon Homère,
De répéter ce que déjà l'on sait;
Bref, le Lorrain les refusa tout net.
Ce jour, Camas en fut pour sa harangue;
Après avoir bien exercé sa langue,
Il se trouva que rien il n'avait fait.
Le bon Charlot, qu'animait la Discorde,
Brutalement répond aux Prussiens;
Et, sans toucher Darget ni cette corde,
Les appelait des hérétiques chiens.
Camas à peine achève son exorde,
Qu'on l'interrompt, et lui dit poliment,
A mots couverts, mais pourtant clairement,
D'une façon qu'un sot l'eût pu comprendre,
Que mieux fera dans son camp de se rendre
Que de jaser tant inutilement.
Camas leur dit sur un ton ironique :
« Vous n'aimez point, héros, la rhétorique?
Pour vous punir, jamais vous n'entendrez
Un beau discours que je vous préparais,
Si bien tourné, d'un goût académique,
Semé d'éclairs, obscur, néologique. »
Ni plus ni moins, le compliment finit,
Et vers son camp l'ambassade partit.
Chez le Lorrain entra Népomucène,
Sans compliment, tout familièrement.
Point ne parla comme ce Démosthène,
Mais il lui dit tout à fait uniment :
« Si ne voulez vous en mêler vous-même,
Le Prussien Franquini combattra,
Et son Darget du camp enlèvera;
De cet affront craignez la honte extrême.
Rappelez donc tout au plutôt Franquin;
Qu'avec Darget il vienne avant demain. »