<254>A Lucifer d'adresser ta prière,
Pour relancer dehors de sa tanière
Un sanglier, dès l'aube du matin. »
Le bon Charlot, fuyant, tournait la tête;
Il aperçut de loin courir la bête.
Comme il ne voit d'ailleurs aucun danger,
Tout doucement il marche, et puis s'arrête;
Rosière vient aussitôt le chercher.
Pour le Franquin, que l'aventure irrite,
Ne savait plus à quel saint se vouer;
Il s'acharna sur le pot d'eau bénite,
Que le Lorrain ne put désavouer.
Le fin Rosière à l'instant leur propose
Que, pour juger à fond de cette chose,
Encore un coup il la faut éprouver;
D'enchantements il veut doubler la dose.
A nouveaux frais le féroce Franquin
Recommença tout son rit de magie,
A Lucifer chanta sa litanie,
Et provoqua cent fois l'esprit malin;
Pour augmenter la force des mystères,
Doublait, triplait signes et caractères.
Dans le moment que l'on croit voir venir
Messer Satan et sa noire séquelle,
Des officiers, se hâtant de courir,
Au bon Charlot apportent la nouvelle
Que l'ennemi, tout droit à lui marchant,
Très-fièrement s'approchait de son camp.
Charlot leur dit : « Avez tous la berlue;
C'est des moutons, de paisibles troupeaux,
Dont la poussière, imposant à la vue,
Paraît de loin des hommes, des chevaux. »
Mais par serment on l'assure au plus vite,
Et de partir on le presse, on l'invite.
Bien aise en fut le féroce Franquin :
A travailler dessus l'engeance noire
Il a perdu son temps et son latin;