<257>S'éparpillant, voltigeant comme mouches,
Caracolaient des milliers de hussards;
Ils paraissaient les bouffons du dieu Mars.
Le dur Franquin prit un parti plus sage,
Il ne songea qu'à piller le bagage;
Il ne crut point y courir de hasards.
Le bon Charlot à chaque chef assigne
Le corps qu'il doit commander dans la ligne.
Tout sur la gauche on plaça les Saxons,
Qui, l'air pincé, promettaient des merveilles,
Mais pâlissaient quand des coups de canons
Parfois de près leur frisaient les oreilles.
A la réserve on assigna Wallis;
Aux cuirassiers commanda Lobkowitz.
Mais celui-ci, tout bouillant de courage,
Le sang soudain lui montant au visage,
Dit à Charlot d'un ton chagrin et sec :
« J'ai réservé mon bras et ma personne
Pour les grands coups, en quelque lieu qu'on donne;
Tout poste fixe à mon cœur est suspect. »
Ce jour, Charlot, tout rempli de prudence,
Resplendissant et sage comme un dieu,
Ce compliment lui passa sous silence.
Sans lui répondre, il le quitte en ce lieu;
De d'Aremberg il va joindre la troupe :
« Aux ennemis faites montrer la croupe,
Dit-il; amis, signalez vos exploits. »
Le duc répond : « Prince, savons nous battre;
Plus d'une fois j'en ai terrassé quatre.
Mais vous, l'appui ou la terreur des rois,
Auriez bien pu ménager l'accolade;
Si hier, chez vous, un peu plus poliment
Eussiez reçu la célèbre ambassade,
Le Prussien, ce jour, assurément
Ne vous serait venu donner l'aubade. »
Ah! saint Joseph! je crois que vous tremblez,
Lui dit Charlot. - Plutôt vous qui parlez,