<260>Quand Dumont dit : « Quoi! je suis à cheval,
Et vous à pied! Rendons le tout égal. »
Il vole à bas de sa leste monture,
Et sur Franquin s'élance sans mesure.
Mais ce jour-là, le débauché Franquin
Fut bien puni d'avoir trop bu de vin.
Fort galamment il tira son épée;
Plus d'une artère en moins de rien coupée
Fait ruisseler de toute part le sang.
Tout furieux, il veut pousser la quinte;
Dumont la pare, et, cavant cette feinte,
Plongea le fer dans son malheureux flanc.
Franquin chancelle, il tombe hors d'haleine,
En s'abattant il fait un bruit affreux,
Tel qu'en tombant fait un énorme chêne
Que dans les bois abat un vent fougueux.
En frémissant, il gratte la poussière,
Son sang s'écoule, il frissonne, il pâlit;
L'affreuse mort lui ferme la paupière,
Franquin blasphème, et son âme s'enfuit.
Encouragés par leur première ébauche,
Les Prussiens, avides de lauriers,
Vont attaquer ces braves cuirassiers;
En disposant un effort par leur gauche,
Ils suivent tous le valeureux Nassau,a
Et Rottembourg,b et Camas, et Chasot.
Trente escadrons de leur cavalerie
S'ébranlent tous avec même furie;
Et tels que sont ces affreux tremblements,
Quand un volcan vomit son noir tonnerre,
Telle tremblait dessous leurs pas la terre
Quand tout serrés, courant comme les vents,
Sur l'ennemi ces fiers guerriers vont fondre;
Il semblait voir le monde se confondre.
Ce corps épais de braves Prussiens


a Voyez t. III, p. 128.

b Voyez t. II, p. 137 et 166; t. III, p. 44; et t. X, p. 91.