<267>Sur l'ennemi, pour le réduire en poudre;
Et Lobkowitz, et ses fiers défenseurs,
A fuir aussi bien durent se résoudre.
Les Prussiens étaient déjà vainqueurs,
Et Rottembourg fait, dans cette déroute,
Sur les fuyards, suivant plus d'une route,
Des prisonniers des plus huppés seigneurs.
Alors commence avec plus de furie
Un périlleux combat d'infanterie.
Les Prussiens ont leur palladion
Environné d'un épais escadron.
Le bon Charlot, craignant cette tuerie,
Se fait donner son absolution.
De tous côtés se fit la boucherie;
Le bataillon contre le bataillon
Fait à grand bruit sa décharge terrible;
Le jour s'éclipse, et la fumée horrible
Augmente encor l'horreur de l'action.
L'éclair des coups brille en ce noir nuage,
Les fusils font un bruit tel que l'orage;
Le plomb volant, tiré par peloton,
Siffle, fend l'air, et, sans distinction,
Princes, sujets également il frappe,
Portant la mort à tous ceux qu'il attrape.
Vous expirez,a généreux fils d'Albert,
Princes issus de tige souveraine;
Et vous, Guillaume, aux Prussiens si cher,
Et vous, de Rége,b et vous, brave Varenne;b
Que de héros moissonnés dans ces champs!
Telles ces fleurs de cent couleurs ornées


a Le Roi parle aussi de la mort héroïque des deux petits-fils du Grand Electeur dans son Épître à Stille (t. X, p. 149). Le margrave Frédéric fut tué à la bataille de Mollwitz, et son frère le margrave Guillaume, au siége de Prague, le 12 septembre 1744.

b Le major du génie Gabriel-Gédéon d'Azemar de Rége fut blessé mortellement à Ottmachau le 9 janvier 1741, et mourut le 12.
     Le marquis Frédéric-Guillaume de Varenne, colonel et chef du régiment d'infanterie no 31, mourut à Prague, d'une fièvre aiguë, le 11 février 1744.