<268>Qui, sans passer l'espace d'un printemps,
D'un souffle ardent sont pour jamais fanées.
Les Prussiens, dans ce combat fougueux,
Font redoubler leur cruelle décharge;
Dans un moment le fantassin recharge.
Le noir Etna dans ses brasiers affreux,
Non, tout l'enfer n'a point de pareils feux.
Des ennemis un grand nombre périrent,
Et de leurs rangs les files s'éclaircirent;
Sur leur visage est peinte la terreur.
L'Autrichien en l'air tirait de peur.
Décrivant l'arc, une balle s'élève;
Dessus son chêne atteignant Geneviève,
Dans son talon fait blessure griève;
La sainte en l'air en jette quelques cris,
Et va se plaindre au benoît paradis.
Des coups tirés l'air gémit et bourdonne.
Tout à l'entour de ses traînants drapeaux
L'Autrichien confondu tourbillonne;
Il a perdu la fleur de ses héros.
Le Prussien voit ce trouble, et se jette
Sur l'ennemi, fraisant la baïonnette;
Le trouble augmente, il s'accroît, et qui put
A toutes jambes ainsi qu'un daim courut.
Figurez-vous un troupeau dans la plaine,
Éparpillé, courant tout hors d'haleine
Devant un loup affamé qui le suit :
Ainsi, devant Dessau, qui la poursuit,
Se débandant, du péril alarmée,
Du bon Charlot fuyait alors l'armée,
Et le massacre en fut prodigieux.
Quand la bataille, à la fin, fut finie,
Le Prussien doucement se rallie.
On entendait, chez les victorieux,
De tous les rangs partir des cris joyeux,
Faisant en l'air un affreux tintamarre,
En se mêlant au son de la fanfare.