<270>Un tel fut moine; aussitôt il le damne.
Son fils lui dit : « Ah! mon papa mignon,
Pourquoi damner ces honnêtes personnes? »
Il lui répond : « Pour nous ne sont pas bonnes.
Les rois sont gens parfois ambitieux,
Ils pourraient bien nous ravir nos couronnes;
Ils sont vauriens et toujours vicieux.
Moines aux cieux en grand nombre fourmillent,
Vois ces fripons, comme chez nous ils brillent;
Et quelque pape, endiablé de nos saints,
Y placerait de ces nouveaux faquins »
On lui présente alors des gens de guerre
Qui sont péris dans ces combats sur terre;
Le Roi leur dit : « Approchez, mes amis;
Pourrez souvent vous rappeler l'histoire
De vos combats et conter votre gloire
Dans un recoin du benoît paradis.
Je veux sauver tous ces gens-là, mon fils,
Car ils n'ont point l'âme méchante et noire;
Qu'on les nourrisse et qu'on leur donne à boire,
Et, pour calmer dans ces lieux leurs soucis,
Une catin de sainte à leur usage. »
(La Madeleine eut ce lot en partage.)
« Bien mieux ces gens valent que nos dévots;
Tout doucement y vivront ces héros.
Qui suit là-bas? quel est ce personnage? »
- C'est Lock,a grand roi, qui vient vous rendre hommage.
- Quel est ce Lock? et quel est son métier?
Lock lui répond : « J'ai consacré ma vie
Aux vérités de la philosophie,
Et j'ai marché par un nouveau sentier.
L'analogie avec l'expérience
Sur la nature ont fondé ma science;
J'ai décrié la superstition,
Et de vos saints j'ai dénigré l'empire.
a Frédéric était grand admirateur de Locke, et parle souvent de lui dans ses ouvrages, p. e. t. VII, p. 128; t. IX, p. 93, 137 et 138; et t. XII, p. 142.