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ÉPITRE I. A MON FRÈRE HENRI.

Où courez-vous? « Ah! je fuis la campagne,
Je ne veux pas tout vif m'ensevelir;
Lorsque j'y suis, d'abord l'ennui me gagne,
Rester tout seul, autant vaut-il mourir.
J'aime Berlin : c'est là que, dans le monde,
Le doux plaisir en cent façons abonde,
Jeunes beautés, bals, festins, en un mot,
Y trouve tout quiconque n'est pas sot. »
Oui, vous pouvez vous amuser, mon frère,
Nos belles sont faciles à plier,
Berlin fournit aisance et bonne chère;
Mais ces plaisirs, qu'ont-ils de singulier?
« C'est chez Milon que se donne une fête,
On sera seul; Milon n'a convié
Que quatre-vingts personnes. » C'est honnête.
On vient, on entre, on est supplicié,
En se pressant on s'étouffe à la porte,
On perce enfin des deux bras, à main forte.
Voilà d'abord trente tables de jeu,
Et qui n'y joue y paraît sans aveu;