<34>Éclipsé dans son cours par un nuage impie,
Te plongea dans l'obscurité.
Enfin, qui n'aurait cru que le sort et l'envie
N'auraient usé leurs traits dès lors à t'affronter?
Mais à présent la maladie
Par un tourment nouveau vient te persécuter.
Dieux! détournez de ma pensée
L'objet d'un présage effrayant;
De douleur mon âme oppressée,
Mon cœur triste et défaillissant,
Tremblent, dans ce péril extrême,
Que la mort, de son fer tranchant,
Ne me sépare en ce moment
De cette moitié de moi-même.
Plutôt tournez sur moi, destins ou dieux jaloux,
Le redoutable poids de vos injustes coups;
Frappez, puisqu'il le faut, de votre faux sanglante,
Je m'offre victime innocente.
Mais ne frappez que moi; sans me plaindre de vous,
Je bénirais plutôt votre main bienfaisante;
Oui, je détournerais, impitoyables dieux,
Votre colère vengeresse
De tes jours, chère sœur, de tes jours précieux,
En me sacrifiant par effort de tendresse.
Mes vœux sont exaucés; de plus heureux destins
Écartent déjà les nuages,
Et feront succéder des jours clairs et sereins
Au déchaînement des orages.
Le haut du ciel s'ouvre pour moi,
Dans mon transport divin j'y voi
Les destins fortunés qui pour vous se préparent.
Les chagrins sont bannis, tous les maux se réparent :
Tous les dieux à la fois, dans l'Olympe assemblés,