STANCES A VOLTAIRE.
Hony, marchand de vin de Bruxelles, vint à Wésel, et porta à l'Auteur une Épître en vers de Voltaire.a L'Auteur avait alors dessein de voyager en Flandre, et il n'en fut empêché que par la fièvre quarte.
De votre passe-port muni,
Et d'un certain petit mémoire,a
S'en vint ici le sieur Hony,
Qui s'applaudissait de sa gloire.
Ah! dis-je, apôtre de Bacchus,
Ayez pitié de ma misère;
De votre vin je ne bois plus,
J'ai la fièvre, c'est chose claire.
Apollon, qui me fit ces vers,
Est dieu, dit-il, de médecine :
Écoutez leurs charmants concerts,
Éprouvez leur force divine.
Je lus vos vers, je les relus,
Mon âme en fut plus que ravie;
Je fus guéri, du moins je crus
Que ces vers me rendaient la vie.
a Voyez Œuvres de Voltaire, édit. Beuchot, t. XII, p. 515.