VERS A JORDAN, SUR LA COMÈTE QUI PARUT EN 1743.a
Hélas! Jordan, tu tremble encor,
Et tu crains pour ce pauvre monde
Que la grande comète Hétor,
Que le ciel à jamais confonde!
Vienne terminer notre sort.
Pour toi, ce serait grand dommage :
Tu n'es qu'à la fleur de ton âge,
Tu fis à tout pauvre chrétien
Au moins mille fois plus de bien
Que ce prélat11 qu'en beau langage
La Neuville rendit si sage,b
Que personne n'y connut rien.
En tous lieux ton bon cœur opère :12
Par tes soins l'école s'éclaire,
Et par toi le pauvre est nourri;
Tous les fous t'appellent leur père,
Les Madeleines leur mari.
11 Cardinal Fleury, mort alors.
12 Il avait l'inspection des universités, de la maison de travail et de la maison des fous.
a Une comète avait été dans son périhélie en janvier 1743.
b Oraison funèbre de Monseigneur le cardinal de Fleury, prononcée le 25 mai 1743, par le R. P. de Neuville. A Paris, 1743. Voyez t. X, p. 250.