<108>Que Racine m'offre à mon aise;
Quelquefois, ne vous en déplaise,
Je m'entretiens avec Rousseau;
Horace, Lucrèce et Boileau
Font en tout temps ma compagnie.
Sur eux j'exerce mon pinceau,
Et dans ma fantasque manie
J'aurais enfin produit du beau,
S'il ne manquait à mon cerveau
Le feu de leur divin génie.
Vous en usez envers la religion comme envers moi et envers tout le monde : vous la caressez d'une main et l'égratignez de l'autre.
Vous avez, je le présume,
Pour chaque genre une plume :
L'une, confite en douceur,
Charme par son ton flatteur
L'amour-propre qu'elle allume;
L'autre est un glaive vengeur
Que Tisiphone et sa sœur
Ont plongé dans le bitume
De l'infernale noirceur;
Il blesse, et son amertume
Perce les os et le cœur.
Si Maupertuis meurt de rhume,
Si dans Bâle on vous l'inhume,
L'Akakiaa qui le consume
De sa mort est seul l'auteur.
Pour moi, nourrisson d'Horace,
Je ne veux point du bonheur
Qu'offre l'éclat d'une place
Sur le sommet du Parnasse,
Chez le peuple rimailleur.
Cette dangereuse race,
a Allusion aux libelles que Voltaire publia contre Maupertuis, et qu'il réunit, en 1753, sous le titre de : Histoire du docteur Akakia et du natif de Saint-Malo. Voyez t. VII, p. 64.