<112>Et, pour vous mieux servir, de fagots renchérit;
Le feu prend, il s'élève un tourbillon de flamme
Qu'allume la main de l'infâme
Pour consumer ce bel esprit
Qui la persiffle et nous éclaire;
Mais au lieu de rôtir Voltaire,
Elle ne peut brûler que son malin écrit.
Je vous en fais mes condoléances. Cependant, tout bien examiné, il vaut infiniment mieux qu'on brûle l'ouvrage que l'auteur. Je ne sais sur quel fondement vous m'accusez de vous mordre : c'en serait bien le temps, environné comme je le suis d'ennemis, pressé partout! L'un me pique, l'autre m'éclabousse; gare qu'un troisième ne me renverse. Il est pardonnable, en cas pareil, d'avoir de l'humeur et l'esprit aigri. Je suis à présent
Comme un sanglier écumant
Qui, sans s'ébranler, se défend
Contre les durs assauts d'une meute aguerrie
Qui sur lui s'élance en furie;
Il attaque, il blesse, il pourfend,
Il donne à propos de sa dent
Des coups à la race ennemie.
Plus il en met hors de combat,
Et plus cette engeance aboyante
Par un nombreux concours s'augmente.
Il soutient ce cruel débat;
Mais la fureur l'emporte, et, fougueux dans son ire,
Il ne voit ni connaît la grandeur du danger,
Et s'enfonce sans y songer
L'homicide épieu sur lequel il expire.
Laissez-moi donc ronger mon frein tant que durera cette pénible guerre. Votre imagination poétique me promène flatteusement jusqu'à Vienne. Vous m'introduisez au conseil de chasteté; sachez que je n'ai pas besoin de ce conseil, et que l'expérience m'a suffisamment appris ce qu'on doit craindre quand on se frotte à de méchantes femmes.
Hélas! pensez-vous qu'à mon âge
L'on cherche, d'amour agité,