<139>Voilà comme ils payent la peine
Que tu pris de les ennuyer.
Un rimeur qui semble avoir l'asthme,
Et ployant toujours sous le faix,
Sans vigueur, sans enthousiasme,
Glacé dans ses plus forts accès,
Expire aux cris de l'ironie,
Et le public, qui le dénie,
Enterre son nom pour jamais.
A son convoi, sous des cyprès,
Des brocards la cacophonie
Vient se joindre à la compagnie
Des trop tardifs et vains regrets.
Alors ses malheureux ouvrages,
Étalés au coin des marchés,
Ont à souffrir tous les outrages
A ceux de Pradona reprochés.
Élevez donc un cénotaphe
A mes écrits infortunés,
Véridique historiographe.
Tracez-y ces mots mieux tournés
Qu'ils ne sont dans cette épitaphe :
« Ci-gisent, d'Argens le parafe,
Ces vers, morts le jour qu'ils sont nés. »

(Freyberg, 30 mars 1760.)


a Auteur oublié d'une tragédie de Phèdre et Hippolyte, représentée pour la première fois en 1677, et que la cabale opposa quelque temps avec succès à la Phèdre de Racine. Voyez t. IX, p. 78.