<165>Pour Loudon, ce vaillant Achille,
Qui traite à présent d'imbécile
Ce Daun qu'il méprise et honnit,
Quoique du saint-père bénit,
Loudon et sa troupe dorée,
Et ses guerriers et ses archers,
Se sont une belle soirée
Blottis derrière un rocher
Où nous n'irons pas les chercher.
Tels sont les gestes véridiques,
Les faits, les exploits héroïques
Qu'ont vus les champs silésiens
Des Russes et des Prussiens.
Mais tandis que ma muse accorte
Très-succinctement vous rapporte
Les prouesses de nos soldats,
Subitement devant ma porte
Arrive, avec un grand fracas,
Cette bavarde10 à l'aile prompte
Qui sans respirer vous raconte
Ce qu'elle sait ou ne sait pas,
Et qui répand à chaque pas
La gloire tout comme la honte
Des belles et des potentats.
Cette rapide renommée,
Dont l'homme le plus éventé
Et le sage, par vanité,
Convoitent tous deux la fumée,
Nous apprend par des bruits confus
Que Daun et Broglie sont battus.11
C'est ainsi que le ciel se joue
De ce que l'homme croit prévoir;
Ce plan où se fondait l'espoir
Que la grande alliance avoue,
Et que Loudon sans s'arrêter


10 Fausse nouvelle.

11 Cela était faux.