ÉPITRE A MONSIEUR MITCHELL,a SUR L'ORIGINE DU MAL.
Ministre vertueux d'un peuple dont les lois
Ont à leur sage frein assujetti les rois,
Chez vous la liberté respire auprès du trône,
Et contient le tyran, s'il fulmine et s'il tonne.
Vos princes, jouissant d'un droit vraiment royal,
Sont libres s'ils font bien, enchaînés s'ils font mal.
Que leur sort est heureux! qu'ils sont dignes d'envie!
Ils sont à la vertu liés toute leur vie,
La justice et les lois ont réglé leur devoir,
Et leur caprice en vain réclame leur pouvoir.
Pourquoi, mon cher Mitchell, pourquoi l'Être suprême
N'a-t-il donc pas daigné nous enchaîner de même?
Nous garderions empreint le sceau de sa bonté,
Nous n'aurions point, hélas! la triste liberté
De quitter la vertu pour embrasser le vice;
Pourquoi nous exposer au bord du précipice?
Moins libres dans nos choix, nous serions plus heureux,
a Sir Andrew Mitchell, né à Aberdeen en 1710, envoyé de la Grande-Bretagne à la cour de Frédéric, vint à Berlin le 8 mai 1756, et y mourut le 28 janvier 1771. Voyez t. V, p. 75. Voyez encore l'Éloge de Milord Maréchal par d'Alembert. A Paris, 1779, p. 80.