<223>Jamais ni Condé ni Turenne
Pour si petits exploits ne firent si grand bruit.
Le politique, d'une âme hautaine,
Vous soutiendra qu'on est réduit
A nourrir d'espérance vaine
Le public aveuglé, fait pour être séduit.
A ... ainsi ... le mène
Du Canada jusqu'en Ukraine;
Qui sait le tromper le conduit.
Pour moi, qui n'ai jamais reçu cet Évangile,
Je ne prétends point par l'erreur
Abuser lâchement, en scélérat habile,
La confiance et la candeur
D'un peuple frivole et facile.
Ah! fasse d'un ciron qui veut un éléphant,
J'aime la vérité, le vrai seul est charmant.
Je ne veux point de bruit, de pompe solennelle,
Pour immortaliser le succès d'un moment.
Ce sujet, marquis, me rappelle
Ce trait d'un Suisse goguenard :
Il mangeait gras, c'était carême;
Un orage survint avec un bruit extrême.
Certain dévot, maître cafard,
Au front sournois, à l'œil hagard,
Lui dit : Vous excitez la céleste colère.
L'autre s'écrie en vieux soudard :
Grand Dieu, que de fracas! épargne ton tonnerre;
Ce n'est qu'une omelette au lard.
Mes vers vous expliquent mes pensées sur les postillons que vous avez vus arriver à Berlin. Il est bon de se réjouir d'un grand malheur que nous avons évité; cependant, mon cher marquis, il y a loin de ce point à une fortune entière; et pour vous parler tout à fait naturellement, je crois que nous aurons encore une crise avant la réduction de Schweidnitz. Il arrivera de tout ceci ce qu'il plaira au hasard, à la destinée ou à la Providence; car certainement tous les trois ou l'un d'eux a plus de part aux