<23>Tandis que, dans les camps de ces peuples perfides,
Des gouffres infernaux je vois les Euménides
Sortir de chez les morts,
Mêler leurs noirs flambeaux aux foudres meurtrières,
Aux feux de la discorde, aux flammes incendiaire
Qui désolent ces bords :
Mes esprits, accablés d'une douleur perçante,
Ont entendu soudain une voix consolante,
Digne de les calmer,
Qui réveille en mon cœur, à ses chagrins en proie,
Un sentiment éteint d'espérance et de joie,
Lent à se ranimer.
Ainsi, quand l'aquilon par de fougueux ravages,
D'un pôle jusqu'à l'autre amassant les nuages,
Répand l'obscurité;
En perçant l'épaisseur de cette vapeur sombre,
L'astre éclatant du jour darde à travers cette ombre
Un rayon de clarté :
Ainsi, dans les horreurs du destin qui m'oppresse
La clarté reparaît, j'aperçois ma déesse,
J'entends ses sons flatteurs;
Elle ne sème point la crainte et l'épouvante;
Le Plaisir, l'Espérance, et leur troupe charmante,
Sont ses avant-coureurs.
Dans les airs je la vois, de cent bouches armée,
Faire en tous les climats de sa voix renforcée
Retentir les échos;
Je l'entends entonner la trompette guerrière,
Traçant dans un cartouche éclatant de lumière
Quelques noms de héros.