<25>Des abîmes profonds que le Cocyte enserre
Elle part indignée, et cherche sur la terre
Son fils et son rival;
Elle en apprend bien plus que de la renommée;
Elle voit le héros au milieu d'une armée
Sur un char triomphal.

« Je vous cède, dit-elle, et jamais mon courage
N'a produit les hauts faits qui dès votre jeune âge
Étonnent les humains.
J'ai dû tous mes succès à ma grandeur sans borne;
Vos lauriers sont, ainsi que tout ce qui vous orne,
L'ouvrage de vos mains.

Heureux sont les parents aussi tendres qu'habiles
Dont les sages conseils, à votre aurore utiles,
Mon fils, vous ont conduit!
Ils sont récompensés par une immense usure;
D'un champ reconnaissant au soin de leur culture
Ils recueillent le fruit.

Adieu, vivez heureux; qu'une tête si chère
Soit à l'abri des coups dont un destin contraire
Peut menacer les jours;
Et que le juste ciel, dont le bras vous protége,
Vous préservant du plomb et du fer sacrilége,
En prolonge le cours! »

En finissant ces mots, cette ombre magnanime
S'éloigne en gémissant, s'élance dans l'abîme.
Et se dérobe aux yeux;
Par trois coups redoublés les dieux, de leur tonnerre,
Ont daigné confirmer et promettre à la terre
Des présages heureux.