<26>Tandis que, sans penser, cette foule commune
De guerriers indolents a blanchi sans fortune
Dans les travaux de Mars,
Et voit sans profiter ce que l'expérience
Des sublimes secrets de la haute science
Découvre à ses regards;
O vous, jeune héros, dans un âge débile,
Comment avez-vous pu dans ce siècle stérile,
En tout abâtardi,
Vous élever tout seul à côté des Turennes,
Des Weimars, des Condés, et des grands capitaines,
Par un vol si hardi?
Ce généreux effort, c'est le sceau du génie,
Qui, libre en ses transports, loin de la route unie,
Vole se signaler;
Par sa rapide course au bout de la carrière
Il voit que lentement la méthode en arrière
Rampe sans l'égaler.
N'allez pas soupçonner qu'une lâche tendresse,
D'un sang qui vous chérit la force enchanteresse,
Puissent m'en imposer;
J'en atteste vos faits, votre âme noble et pure;
Ce sont mes préjugés : quelle est donc l'imposture
Qui puisse m'abuser?
Ah! périsse à jamais toute éloquence impie
Qui, pour empoisonner une aussi belle vie,
D'orgueil veut l'infecter,
Qui prodigue au hasard l'encens et le mensonge,
La remplit de dédains et dans l'erreur la plonge,
Trop lâche à la flatter!