<9>Tels ces peuples de la Seine
Armèrent leurs faibles mains,
Sûrs de subjuguer sans peine
Les indomptables Germains.
De la gloire voyant l'ombre,
S'appuyant sur leur grand nombre,
D'un trophée ils font l'apprêt;
Mais des ruines fatales
Sont leurs pompes triomphales,
Et leur gloire disparaît.
Pendant que leur insolence
Ne trouve dans son chemin
Nul corps dont la résistance
Peut balancer le destin,
Ils s'enflent, ils s'enhardissent,
Et les fleuves qu'ils franchissent
Se couvrent de leurs roseaux;
La gloire tant méprisée
De cette entreprise aisée
D'orgueil bouffit ces héros.
Jusqu'en ses grottes profondes
Le Rhin se sent outrager;
Il s'indigne que ses ondes
Portent un joug étranger.
Le Wéser dans l'esclavage
Appelle sur son rivage
Ses défenseurs enflammés;
Il assemble la tempête
Qui, Français, sur votre tête
Venge ses bords opprimés.
En faveur de leur vaillance
Et des plus nobles desseins
On excuse l'arrogance
Des triomphateurs romains.