A MYLORD MARISCHAL SUR LA MORT DE SON FRÈRE.a
Vous pleurez, cher mylord, votre douleur amère
Redemande un héros, un ami tendre, un frère;
La gloire qui l'ombrage aux portes du trépas,
Quoique illustrant son nom, ne vous console pas.
Cette noble union que le sort a détruite
Fut moins l'effet du sang que l'effet du mérite.
J'ai vu de ses beaux jours éteindre le flambeau,
Et j'ai de ses lauriers couronné son tombeau.
Dans ce combat affreux, s'il eût encor pu vivre,
Son bras aurait forcé la victoire à le suivre;
Mais de l'airain tonnant les foudres en courroux,
Prêt à triompher d'eux, l'abattent sous leurs coups.
Fatale ambition, que d'illustres victimes,
Que d'amis, de héros moissonnés par tes crimes!
Nos hameaux, nos cités, tous nos États sont pleins
De parents éplorés, de veuves, d'orphelins,
a Le feld-maréchal Jacques Keith, né le 11 juin 1696, à Inverugie-Castle en Ecosse, fut tué à la bataille de Hochkirch. Deux jours après, le 16 octobre 1758, Frédéric dit à son lecteur de Catt, à ce que celui-ci rapporte dans ses Mémoires (manuscrits) : « Vous me voyez affligé. J'ai bien pleuré pour le cher maréchal. Je le regrette au delà de l'expression. » Le frère aîné du feld-maréchal, George Keith, maréchal héréditaire d'Écosse, plus connu sous le nom de mylord Marischal, naquit en Écosse le 3 décembre 1686, et mourut à Potsdam le 25 mai 1778.