<141>Et de courage, et de hardiesse.
Saint Denis vit que deux tetons
Que Charles maniait sans cesse
Feraient triompher les Bretons
Des Gaulois en grande détresse.
Les saints ont des projets bouffons.
Pour détourner donc la ruine
Des Provençaux et des Gascons,
Il vous cherchait une héroïne.
Où croyez-vous qu'il imagine
De trouver cet objet parfait?
Où? dans le fond d'un cabaret.
Mais un saint a fine narine,
Et le ciel même l'inspirait.
Jeanne, fille robuste et belle,
Fut cette célèbre pucelle
Que le benoît Denis choisit,
Et guerrière en un instant fit.
Elle part sitôt qu'il l'ordonne,
Se prépare à raffermir le trône,
Et combattit comme un dragon
Tous ces fiers Bretons en personne,
Pour venger Chariot, ce coïon,
De ses oppresseurs d'Albion.
Jusqu'ici l'histoire est jolie;
Mais, malgré l'inspiration
De monsieur Denis son patron,
La pauvre Jeanne fut rôtie.
Ainsi Jeanne, par ses hauts faits,
Fut par eux et par sa souffrance
L'opprobre éternel des Anglais,
Comme la gloire de la France.

Renvoyez-moi, je vous prie, le tome vingt-deux, car je suis à sec.

A Bögendorf, le 8 octobre 1762.