<144>Tant la religion enfante de forfaits!
Bientôt l'ambition, l'altière politique,
Sous le masque imposant de la religion,
Soufflant son poison fanatique,
Excita la rébellion.
La France est en proie au carnage,
Et des ligueurs l'aveugle rage,
Que des prêtres guidaient à la sédition,
Attentant jusqu'au Roi dans leur zèle sauvage,
Portèrent sur Valois leurs sacriléges coups.
Henri, persécuté par des princes jaloux,
Combattit Philippe et Mayenne,
Et Sixte, qui siégeait sur la pourpre romaine.
Lors, les soldats du Vatican
En France établirent leur camp;
Mais de ces plaines désolées,
Comme ils fuyaient vers l'Éridan,
Les chèvres aussitôt furent toutes brûlées.a
Le bon roi Henri quatre était relaps, dit-on;
Du Vatican superbe était partie la foudre
Dont par négociation
D'Ossat voulut le faire absoudre.
Sixte ainsi que Clément ne purent s'y résoudre;
Et celui qui se dit le père des chrétiens,
Du fer et de la flamme armant les citoyens,
Excitait la fureur des uns contre les autres.
Ce n'était pas ainsi qu'agissaient les apôtres.
Prêtres trompeurs, peuples dupés,
Serons-nous donc toujours d'erreurs enveloppés?
Esclaves de vos vains scrupules,
Par ces faits éclatants, ô vous, esprits crédules!
Ne serez-vous donc point détrompés?


a Voltaire dit dans son Essai sur les mœurs et l'esprit des nations, chap. CLXXIV : « Lesdiguières battit (en 1590) les troupes savoisiennes et celles du pape. Les soldats du pape se dissipèrent, après n'avoir donné que des exemples d'une débauche inconnue au delà de leurs Alpes. Les habitants des campagnes brûlaient les chèvres qui suivaient leurs régiments. »