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XXXIV. LE FAUX PRONOSTIC, CONTE.a

Un médecin, grand charlatan,
Toujours prompt en son pronostique
Et profond en diagnostique,
Franc revendeur d'orviétan,
Qui, par salutaire pratique,
Envoya mainte âme angélique
Aux pays de seigneur Satan,
Ce docte, plein de son mérite,
Croyait que, par sa voix proscrite,
La maladie, à son aspect,
Soumise et pleine de respect,
Par ses drogues prenait la fuite,
Comme devant le chat vainqueur
La fine souris se retire,
Quittant jambons pleins de saveur
Et gros parmesan dont l'odeur
Réveille sa faim et l'attire.


a Frédéric dit dans sa lettre à Camas, du 27 mars 1740 : « Je vous envoie un conte bien fou. .... L'histoire du flegmatique Superville a donné lieu à ces vers. »