<164>Münchhausen et Steinberg,a enfants de la victoire,
T'excitent à venger l'honneur de ta maison;
De l'un deux saisis la mâchoire.
Et, tel qu'on nous dépeint Samson,
Frappe les Philistins, et rétablis ta gloire,
Que te ravit un rodomont.
Extermine, détruis .... Mais non,
L'Eternel hait la violence;
Il sait fortifier la faiblesse et l'enfance,
Et confond à son gré la superbe raison.
Sa sagesse immense et profonde
T'ordonne d'épargner le plus beau sang du monde,
Le sang hanovrien, en héros si fécond.
L'Elbe allait t'engloutir dans le fond de son onde,
Cumberland périssait, ainsi que Pharaon;
L'insolent ennemi de ma triste patrie
Vainement écumait de rage et de furie,
Et jurait d'abîmer Cumberland dans les mers.
Ta main signa deux mots; ô prodige! ô magie!
La discorde paraît replongée aux enfers;
Et ce fier Richelieu, prôné par tant de vers,a
Tout à coup tombe en léthargie.
Tel le céleste agent du Dieu de l'univers,
Perçant d'un vol hardi l'immensité des airs,
Maître des éléments, souverain d'Amphitrite,
D'un mot calme les flots, et d'un mot les irrite :
Tel parut Cumberland, cet invincible duc,
Qui, sentant ses guerriers maladroits à la nage,
Par ce fameux traité leur sauva le naufrage.
Ah! si de Jérémie ou du divin Baruc
a Cet éloge ironique est une satire de la mollesse avec laquelle ces deux ministres d'État hanovriens avaient pourvu à la défense de leur pays, au mois de décembre 1756. Voyez t. IV, p. 120-122; voyez aussi Lebensgeschichte des Grafen von Schmettau, Königl. Preuss. General-lieutenants, etc. Berlin, 1806, t. II, p. 320-334.
a Le Roi fait ici allusion aux Épîtres et autres poésies adressées par Voltaire au duc de Richelieu. Voyez les Œuvres de Voltaire, édit. Beuchot, t. XIII, p. 169, 182, 196, 216, 218 et suivantes.