<17>Ici te bénirait encore,
Prête à vivre, prête à mourir;
Tu ne me devais point la vie,
Et quand la carrière est finie,
Qui n'est plus ne saurait souffrir.
Mais si mon âme, en sa durée,
D'Atropos trompe le ciseau,
Et si la substance épurée
Survit aux horreurs du tombeau,
Que cet avenir a de charmes!
Je meurs heureux et sans alarmes,
Je vole au sein de l'Éternel.
O Dieu! si mon esprit qui t'aime
Est immortel comme toi-même,
C'est pour un bonheur immortel.
Vous dont le zèle fanatique,
Dont la cruelle absurdité
Nous présente un Dieu tyrannique,
Toujours craint, toujours irrité,
Le crayon de vos mains impies
Peint Dieu comme on peint les Furies.
Monstres, craignez donc son courroux :
S'il est des démons pour nous nuire,
Pour haïr Dieu, pour le maudire,
Il n'en est point d'autres que vous.
(19 avril 1738.)