CHANT II.
Est-il séant de tromper un stupide
Qu'un imposteur à son gré selle et bride?
Et quel honneur pour un chef de parti
D'aliéner selon sa fantaisie
Un peuple abject, dans la crasse abruti,
Qui de penser n'eut garde de sa vie!
Que j'aurais honte et que je rougirais,
Si le mensonge assurait mes progrès!
Si délicats, si bons, si charitables
Ne sont jamais les prêtres ni les diables;
Justes ou non, tous moyens sont égaux
Pour contenter ces esprits infernaux.
De tous les temps c'est l'antique méthode,
L'Église en fit son institut, son code;
Et tous les faits que mes vers chanteront,
Mon cher lecteur, plus vous en convaincront.
Ce long discours m'ennuie et m'incommode;
Venons au fait, reprenons nos récits.
Le vieux démon, préparant sa récolte,
Avait si bien disposé les esprits
Par les prélats et confesseurs aigris,
Que le tumulte annonçait la révolte.
Mais Catherine, au fond de son palais,
N'y préparait que des liens de paix;
Son noble cœur, rempli de bienfaisance,
Aux Polonais prêchait la tolérance,