<200>Ils lanceront pour nous notre tonnerre.
Choisissons donc quelque soudard hardi,
Et qu'aussitôt, au bruit de la trompette,
On le proclame, et le mette à la tête
Du vil ramas qu'assemble le parti.
Tenez, nommons Zaremba, Pulawski;
De tels héros, quoique inconnus encore,
Feront voler du couchant à l'aurore
Leurs noms chéris de tout vrai Polonais. »
Tous d'une voix les magnats applaudirent,
Et les deux chefs selon leurs vœux choisirent,
En se flattant des plus heureux succès.
Mais le fameux prélat de Kiovie,
Les yeux levés, et l'âme au ciel ravie,
Répand sur toi, confédération,
D'un bras vainqueur sa bénédiction;
Et puis au haut d'une perche croisée,
Comme un drapeau par sa main baptisée,
Il attacha son sacré goupillon.
Les palatins d'abord se séparèrent,
Et leur foyer tous les grands désertèrent;
En Saxe, en France, en cent divers pays
Tous ces seigneurs en peu s'éparpillèrent;
Et sans avoir de plan fixe ou précis,
On les voyait voyager par ennui.
Mais cependant les chefs dans la Hongrie,
Tous rassemblés au château d'Épérie,
Déjà formaient avec grand appareil
D'un tas de fous le suprême conseil
Pour diriger de loin la confrérie,
Battre le Russe et piller leur patrie,
Pour détrôner ce bon roi Stanislas,
Que par boutade alors ils n'aimaient pas.
En même temps, l'oriflamme en Pologne
Fait rassembler tous les confédérés.
Chacun s'agite et vaque à sa besogne;
A bien piller ils se sont conjurés.