<201>Le Pulawski, ce preux chef de la troupe,
Croyait mener la république en croupe;
Le fat s'admire, et croit représenter
Les grands seigneurs de l'empire sarmate;
Il s'applaudit, sa vanité le flatte.
Sur un genet le héros va monter;
Mais il faut voir comme il va débuter.
Ah! que l'homme est un animal peu sage!
Il ne prévoit que la prospérité,
Et dans le calme il ne craint point l'orage.
En imprudent au péril il s'engage;
Mais d'un revers, souvent bien mérité,
Son courage est pour jamais rebuté.
Le Pulawski, portant son oriflamme,
Et Zaremba, que le butin enflamme,
S'en vont tous deux brossant à travers bois,
Pour découvrir les protecteurs des rois.
Ils demandaient à tout manant qui passe :
Où sont-ils donc? ne les a-t-on point vus?
- Qui donc, messieurs, qui voulez-vous, de grâce?
- « Ces ennemis à nos bras dévolus,
Et qui bientôt par nous seront vaincus. »
En devisant, bientôt ils arrivèrent
Dans un terrain plus riant, plus ouvert;
Mais de Drewitza les troupes s'y trouvèrent.
Quand un grand saint voit le diable d'enfer,
Tout en fuyant, il s'en éloigne vite;
En s'aspergeant d'un bon jet d'eau bénite,
Il vous marmotte en tremblant son Pater.
Nos deux héros pensaient alors de même.
L'œil égaré, la face pâle et blême,
Zaremba dit : « Regarde nos soldats;
Bâtons ferrés font le fort de leurs armes,
Quelques fusils et de vieux coutelas;
Comment braver les combats, les alarmes? »
Le Pulawski répond : « Il est certain
a Colonel russe qui battit les confédérés le 1er août 1770.