<202>Que tout va mal; je crois que le destin,
Pour épargner le meurtre et le carnage,
Veut réserver notre bouillant courage
Pour d'autant mieux combattre dès demain. »
Le gros canon des Russes se décharge,
Les boulets vont, ou bien ou mal mirés,
Tout au travers de nos confédérés,
Qui de jurer et de gagner le large,
Qui de crier; et dans ce désarroi,
Pensant encore à leur dernière diète,
Ils croient tous dans ce premier effroi
Que ce canon dont le bruit les inquiète
Leur annonçait encore un nouveau roi.
Tout aussitôt l'impatient Cosaque,
Fondant sur eux, les presse et les attaque.
On ne prend pas si vite qu'on le croit
Sur palefroi un Polonais qu'on traque;
Il sait courir tout aussi bien qu'il boit.
Drewitz parut au towargis rustique
Tel que Cortez, la terreur du Mexique.
Quelques chevaux, de la poudre et du plomb
Des deux héros étaient le spécifique.
Ah! qu'il faut peu pour acquérir un nom!
L'ami lecteur se souviendra sans doute
Ce que du Parthe anciennement on dit;
Ce grand Crassus, le Parthe le défit
En affectant de se mettre en déroute.
Des Polonais il n'était pas ainsi;
La vérité de ce fait, la voici.
Chacun en hâte enfilait la vallée,
Piquait des deux, évitait la mêlée,
Tout en courant s'éloignait de ces lieux,
Sans qu'un moment il retournât les yeux.
Courir ainsi n'est fuite simulée;
Mais s'ils couraient, dispersés par les bois,
Ce n'était point peur ou poltronnerie;
Ils aimaient trop notre dame Marie