<203>Et leur pays anarchique et sans lois;
C'était plutôt amour de la patrie,
Pour d'autant mieux combattre une autre fois.
Hors du danger, nos braves se trouvèrent
Près d'un gros bourg qu'aussitôt ils pillèrent.
Le maître était un seigneur de trente ans :
« Je suis, dit-il, un zélé catholique;
Et pourquoi donc, ô Pulawski l'inique!
Me traitez-vous comme les dissidents? »
Autour de lui, sa femme et ses enfants,
Fondant en pleurs, par des cris lamentables
Croyaient fléchir ces pillards implacables;
Mais Pulawski, dépité de l'affront
Dont le Drewitz faisait rougir son front,
Pour consoler sa douleur trop amère
Aurait pillé son père et sa grand'mère,
S'il les avait trouvés sur son chemin.
« Que fais-tu là de cette jeune femme?
Dit le guerrier au pauvre châtelain;
J'ordonne et veux que cette belle dame
Vienne avec moi soulager mon chagrin.
Je suis battu, je veux qu'on m'en console;
Et cette dame à la chair tendre et molle,
Dont mon cœur est subitement séduit,
Doit avec moi coucher dès cette nuit. »
A ces propos si durs qu'il vient d'entendre,
Le châtelain s'apprête à se défendre;
Les paysans attaquent les soldats,
Et nos fuyards s'apprêtent aux combats.
Qui m'aidera pour chanter leur querelle,
Leur vive ardeur, la force de leur bras?
Les coups tombaient aussi dru que la grêle
Lorsqu'elle vient ravager les moissons
Ou bien briser les vitres des maisons.
L'un, tout en sang, a démis sa mâchoire,
L'autre sa nuque; un autre plaint son dos,
Celui son œil; l'autre dans la nuit noire