<214>A leur rencontre arrivent de gros moines;
Dans le couvent la troupe se nicha,
Et but le vin que gardaient les chanoines.
Mais quand le vin les eut presque abrutis,
De Pulawski la gentille donzelle,
En embrasant ces gras cuculatis,
Dans ce lieu saint alluma la querelle.
Chacun voulait jouir de ses appas,
Chacun voulait la serrer en ses bras;
Et Pulawski, transporté de colère,
Allait tirer son cruel cimeterre.
On allait voir tous ces crânes tondus
Par un soudard brutal et téméraire
Ensanglantés, balafrés et fendus.
O sainte Vierge! ô tendre et bonne mère!
Souffriras-tu qu'un lieu qui t'est voué,
Dont tu remplis l'auguste sanctuaire,
Soit en ce jour, au pied du baptistère,
Par un ivrogne à tes yeux pollué?
Ne craignez rien; c'est chose sans exemple
Que notre reine abandonne son temple.
Tandis qu'encor durait ce chamaillis,
Vient un valet pâle et tout ébahi :
« Alarme, alarme, accourez tous, Polaques,
Opposez-vous, criait-il, aux attaques!
Voilà le Russe, il s'avance à grands pas;
Ivres de vin il pense vous surprendre.
Sur les remparts volez, vaillants soldats,
Et songez bien surtout à vous défendre. »
C'était Drewitz; toujours l'oreille au guet,
Trop bien instruit de ce qui se passait,
Il devinait que dans le réfectoire
Le Polonais ne s'amusait qu'à boire,
Qu'ardent, en rut, chacun s'y querellait.
Sûr de ces faits, il présageait sa gloire.
Dans un moment le fort est entouré,
Et par le Russe étroitement serré.