<221>Tu vois sur eux fondre tous les corbeaux,
Tous les Mandrins, barbouilleurs de satire.
Un roi s'en fâche, et maudit ces marauds;
Dans ta chaumine, à table, on t'en voit rire.
Tu peux savoir quels sont tes vrais amis;
Sans intérêt, voisin ou parent t'aime.
Mais pour un roi c'est un obscur problème;
Il voit chez lui des courtisans soumis,
Dont le faux zèle et le soin l'importune,
Qui, sans l'aimer, adorent sa fortune.
Ces souverains enviés, critiqués,
N'ont jamais vu que visages masqués.
Vois-tu ce chêne élevé dans les nues,
Au front superbe, aux branches étendues?
Un vent l'abat et brise ses rameaux,
Tandis qu'aux bords des lacs et des ruisseaux,
Des aquilons les forces confondues
Ont respecté les fragiles roseaux.
Tel est le sort de la grandeur humaine.
N'écoute plus la voix d'une sirène
Qui, pour t'outrer contre un commun destin,
Veut t'éblouir par la pompe mondaine;
Fais comme Ulysse, et poursuis ton chemin.
Tout est égal, je le répète en vain.
Si tu gémis quand la douleur te peine,
Également la fièvre et la migraine
Font grelotter le corps d'un souverain.
S'il a la goutte, aux membres qu'elle enchaîne
Il sent autant de douleur et de gêne
Que Phalaris, inventeur inhumain,
En fit souffrir dans son taureau d'airain.
L'âge pesant rend son âme engourdie,
Et pour finir l'illustre comédie,
La Parque arrive, et d'un coup de ciseau,
Tout comme toi, me le couche au tombeau.
Mais si tu crois que ce discours immole
La vérité rigide à l'hyperbole,